
© Caroline Deloffre
Para One
Jean-Baptiste de Laubier, alias Para One, a toujours été un garçon hyperactif. Il a débuté comme producteur de hip-hop au milieu des années '90, faisant des beats pour des artistes de rap underground. Les MCs défilaient quotidiennement dans son minuscule appartement du Sud de Paris pour s'agglutiner entre un micro, une MPC et un clic-clac. Vers la fin des années '90, il commence à produire ses propres morceaux instrumentaux et rencontre les gens de TTC, alors au cœur d'une scène émergeante de rap indé. C'est ce qui marque pour Para One le début d'une nouvelle exploration du son : du rap traditionnel, il passe à l'IDM et aux beats techno en 8-bits et aux grooves déconstruits. Après la sortie du premier album Ceci n'est pas un disque en 2002, chez Big Dada, le sous-label Rap de Ninja Tunes, Para produit l'album de L'Atelier (un supergroupe rap indé) pour le label séminal parisien Institubes, avec son homologue Tacteel, avec qui il lance aussi un projet live électro nommé FuckALoop. En 2003, déboule l'énorme Beatdown EP, suivi du deuxième album de TTC Bâtards Sensibles en 2004, deux disques qui démontrent comment l'attitude rap et la magie électronique peuvent se fondre pour créer un seul et même son - une idée qui avait du mal à faire son chemin à l'époque. En 2005, Jean-Baptiste de Laubier sort diplômé de la FEMIS et trouve le temps d'entamer son premier album solo Epiphanie, encensé par la critique, qui sort en 2006 chez Institubes. Suivent des années de tournées incessantes, comme DJ et avec son live, en Europe, Amérique du Nord, Japon, avec d'autres artistes Institubes comme Surkin ou Bobmo. Il joue deux fois à Coachella, Pukkelpop, Calvi on the Rocks, Primaverra. Connu pour sa grande habilité technique, il devient aussi un remixeur couru (Daft Punk, Bloc Party, Justice, Boys Noize, etc...), ainsi qu'un producteur en vue (Birdy Nam Nam, Slice & Soda et plus récemment Mickey Green). En 2007, il compose la bande originale du film Water Lilies de sa congénère de la FEMIS Céline Sciamma, et réalise son propre film en 2010 It was on earth that I knew joy. Après la fermeture d'Institubes début 2011, Para et ses amis Bobmo et Surkin montent le label Marble, pour lequel il a déjà produit ou co-produit une douzaine de morceaux. Il a également trouvé le temps de produire son deuxième album solo Passion, paru en Juin 2012. C'est encore une nouvelle phase dans la carrière de Para One : cet album est plus doux que ses précédents opus, et beaucoup plus pop. Il comporte un bon nombre de tubes en puissance, avec les voix de Tekilatex, Irfane et Jaw. La tension névrotique toute Européenne est toujours là par touches, mais le nerf s'est détendu et la chaire a pris le dessus.