Agoria

Agoria

Contrairement à la première génération de producteurs de Techno, Sébastien Devaud aka Agoria est trop jeune pour avoir grandi avec les groupes de pop électronique comme Depeche Mode ou New Order. Son adolescence est plutôt marquée par l’explosion de la scène de Detroit et les grandes heures de la House américaine.

À douze ans, en 1988, la découverte sur une radio locale de “Good Life”, l’imparable classique de Kevin Saunderson, s’impose comme une véritable révélation. Il passera les après-midis suivants à laver les voitures de ses voisins pour pouvoir s’acheter le maxi d’Inner City. Quelques années plus tard, vif et curieux, il assiste près de Lyon au dj set de Jeff Mills: « C’était la première fois que je voyais un dj utiliser trois platines et une boîte à rythmes. Il avait réellement réussi à créer quelque chose de nouveau, sans se contenter de juste passer des disques. Et la manière dont il bougeait, sa précision et sa vitesse m’ont vraiment impressionné ! »

Agoria se lance alors dans l’apprentissage du mix et il s’entoure de quelques amis pour organiser les soirées Agora (‘lieu de rencontre, de rassemblement’ en grec ancien), qui donnera également naissance à son nom d’artiste.

En 1999, il commence à produire ses propres titres et connaît ses premiers succès dès 2001 avec “La Onzième Marche”, suivi d’une série de maxis sortis chez Pias et d’un premier album, Blossom, en 2003 largement salué. Parfois musclé, ce premier opus lorgne vers l’Electro-House sur “Stereolove” ou “Spinach Girl”, quelques années avant l’explosion de la French Touch 2.0. Séduit par les expérimentations en studio du jeune producteur, Tricky finira même par poser ses vers sur le trip-hop habité de “2Thousand3”.

Trois ans plus tard, c’est au tour de The Green Armchair de voir le jour. Si la techno décomplexée de “Code 1026” enflamme les pistes de danse, Agoria réveille aussi les voix de Peter Murphy, leader charismatique de Bauhaus, et de Neneh Cherry. Avec des productions plus intimistes intégrant des textures classiques, il rencontrera un beau succès avec “Les Violons Ivres ”.

En 2008, Luc Besson et Olivier Van Hoofstadt confient la bande originale du film Go Fast à ce passionné de cinéma. Il y décline une sensualité nouvelle teintée d’ambient, de musique expérimentale et de sonorités organiques. Il invite Scalde sur “Dust” et “Solarized”, pour deux morceaux au confluent de la Pop et de la House Modern Classic.

En parallèle à ses propres productions et en l’espace de quatre exercices, Agoria s’est imposé comme un nouvel expert des compilations mixées. Qui aurait osé mixer le thème de Mulholland Drive avec l’“Experimento” de Carl Craig, une pièce de Raymond Scott et un morceau d’Onur Ozer, le “Loud Loud Loud” des Aphrodite’s Child avec des samples de French Kiss et LCD Soundsystem ? Cette ouverture à toute épreuve et cette curiosité perpétuelle sont devenues la marque de fabrique de chacun des projets d’Agoria.

Agoria participe à la création et au développement du festival Nuits Sonores à Lyon ainsi que du label InFiné. Deux projets qui revendiquent sa liberté et son éclectisme : ouverts à de nombreux genres musicaux et défricheurs de tendances. Ayant pour vocation d’assurer le développement de nouveaux talents des quatre coins du monde, le catalogue d'Infiné englobe aussi bien le pianiste Francesco Tristano, Danton Eeprom, Rone et Bachar Mar-Khalifé.

Début 2011, il revient avec son quatrième album, Impermanence, applaudi par la critique. Disque ténébreux et inclassable sur lequel Carl Craig nous excite avec le sensuel 'Speechless', Seth Troxler nous balade sous acide sur 'Souless Dreamer', Kid-A étourdie avec le Björkien Heart Beating et Panta Reï nous rappelle à des échos Kraftwerkiens.

Deux ans plus tard, en compositeur affranchi il revient avec Scala sur le label Allemand phare Innervisions, fondé par Dixon et Âme. Un voyage house et éthéré qui sera un hit en 2013.
En 2014 et 2015, il continu sa tournée des labels les plus prestigieux avec l'EP sombre et dansant, Hélice, sur le label techno anglais Hotflush (Scuba, Recondite, George Fitzgerald), ensuite Baptême sur le mythique label Kompakt et enfin Independence sur le label de Maceo Plex : Ellum. Il livre également des remix remarqués pour Moby, Metronomy et les légendaires New Order.

Aujourd'hui, Agoria travaille sur son 5e album et explore d'autres univers : le cinéma avec Jan Kounen (Il joue aussi chaque année au Festival de Cannes), le sound design avec Nicolas Becker (Gravity, collaborateur de Philippe Parreno) ainsi que l'art contemporain.